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Mediapart – Les écolos espèrent imposer la sortie du nucléaire dans les esprits… et au PS

Malgré les questions internes qui continuent d’empoisonner les relations entre écolos et n’en finissent pas d’obnubiler les cadres locaux d’Europe-Ecologie/Les Verts (EELV), la question du nucléaire a tout de même réussi à s’imposer au conseil fédéral, tenu ce samedi à Paris.

Au milieu des discussions sur le calendrier des primaires, alors même que se profile un congrès où trois à quatre motions devraient s’affronter, alors même que les différends de fond n’ont jamais été aussi peu affirmés, la catastrophe japonaise de Fukushima a relancé le débat sur la possibilité de parvenir à la sortie du nucléaire. «Une opportunité extrêmement importante existe désormais, jamais la majorité de Français derrière nous n’a été aussi nette», estime l’adjoint au maire de Paris, Denis Baupin.

«Fukushima est bien plus qu’un effrayant cataclysme nucléaire, c’est la fin d’une civilisation, a déclaré Cécile Duflot à ses troupes. Désormais, il nous faut convaincre ceux qui ont longtemps été influencés par les lobbies nucléaires, mais dont les argumentaires sont très fragilisés. C’est une majorité culturelle qu’il nous faut gagner.»

La secrétaire nationale d’EELV l’a affirmé ensuite lors d’une conférence de presse: «Nous n’imaginons pas participer à un gouvernement sans que la sortie du nucléaire soit envisagée. Ce n’est ni une condition, ni une menace. Ce serait juste incompréhensible de faire le contraire.» Mais comment y parvenir? «Nous n’avons pas encore commencé les discussions, mais on en a parlé directement, et depuis longtemps, avec Martine Aubry», répond Duflot. Si l’optimisme est de mise, après que la première secrétaire du PS a évoqué cette semaine «une sortie du “tout-nucléaire”», l’incertitude règne sur la stratégie et le calendrier de discussions à adopter.

Jean-Vincent Placé, négociateur électoral et spécialiste de la palabre avec le PS, ne juge pas nécessaire de se hâter: «C’est un sujet de clivage pour l’instant et il faut prendre le temps, voir ce qu’il y aura exactement dans leur projet sur la question. Mais l’accord électoral n’est pas suspendu à ce sujet, car il s’agit de combler un scandale démocratique en étant pragmatique. On trouvera des convergences sur le fond et on aura une plateforme, peut-être pas tout de suite sur le nucléaire. Le sort du nucléaire ne peut pas se régler à quatre ou cinq à Solférino. C’est aux Français de se saisir de cette question et à nous de convaincre les socialistes. Les résultats du premier tour devront nous aider à avoir le rapport de force suffisant. Car l’accord de gouvernement se décidera avec le candidat du PS, pas avec le PS.»

Priorités et calendrier sur 25 ans

Le sujet pourrait en revanche s’inviter dans les primaires du partenaire socialiste. «Si Nicolas Hulot est candidat, il mènera ce type de débats avec les prétendants pendant leur campagne», souhaite l’un de ses proches, Jean-Paul Besset. Pour l’eurodéputé, «la discussion sur le nucléaire sous-entend également une discussion sur les économies d’énergie et sur les moyens pour y parvenir, comme la politique du logement ou des transports. La sortie du nucléaire renvoie à un projet de société».

«Le PS est en mouvement sur cette question, à nous d’achever de les convaincre», considère aussi Eva Joly. «Cela fera naturellement partie de leur débat, veut croire Cécile Duflot. On va voir si on va trouver une façon de travailler en commun. On n’a pas oublié que la gauche plurielle s’est terminée le 21 avril. Ce n’est pas la formule qui compte, mais un horizon de sortie concrète. Des actes symboliques prioritaires, mais aussi un calendrier sur les 20 à 25 prochaines années.»

Si l’horizon de sortie s’appuie sur le scénario préparé par l’association Negawatt (lire ici), les revendications en matière de mesures d’urgence des écolos sont multiples. Cécile Duflot évoque en premier lieu un moratoire sur la construction des réacteurs EPR de Flamanville et Penly. Pour l’eurodéputée Michèle Rivasi, spécialiste de la radioactivité qui a fondé et présidé le Criirad, «il faut fermer les centrales de Fessenheim et Tricastin, procéder à un arrêt de l’industrie du plutonium, car les centrales aujourd’hui peuvent fonctionner sans». D’après elle, «ce qui s’est passé à Fukushima a aussi fait prendre conscience qu’il était impossible d’évacuer Tokyo. Comme il sera impossible d’évacuer Paris, ce qui rend inévitable la fermeture de la centrale de Nogent-sur-Seine».

Elu régional en Basse-Normandie, Mickaël Marie pense que «la sortie du nucléaire n’est plus théorique: la réalité des faits rend non négociable le débat. Or, aujourd’hui il s’agit de se demander si on veut renouveler le parc nucléaire, alors que toutes les centrales sont en fin de vie, ou proches de l’être. Ou si on veut activer enfin les filières photovoltaïques et d’éoliens off-shore, qui peuvent nous permettre de créer beaucoup d’emplois il y en a eu 340.000 en Allemagne. Mais l’essentiel est de prendre la décision de sortir. La durée et les modalités seront ensuite débattues dans la société». Comme le dit Cécile Duflot, «on doit pouvoir doubler le conservatisme des politiques par le volontarisme des citoyens».

Position de Corine Lepage Article de Libération


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