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Réflexions sur la laïcité.
Je recommande fortement cette vidéo de Nicolas Bedos. Remarquable plaidoyer pour les athées et la Laïcité
La loi de 1905 reste et doit rester un pilier de notre république.
Nous avons vu qu’avec le Revenu de Base des communautés (religieuses ou pas) peuvent s’organiser pour vivre sans autres subventions publiques ou privées que ce revenu et participer ainsi par leur travail à l’entretien des bâtiments qui leurs sont alloués ou dont elles seraient propriétaires ; voire même d’en construire de nouveaux… Ces « communautés » (quels que soient leurs cultes) peuvent aussi cultiver, produire et participer ainsi à la vie sociale… La communauté de Tibbirine (Film : « des Hommes et des Dieux », livre : « si nous nous taisons » de René Guitton) en donne une cruelle démonstration.
Qu’entend-on par liberté de culte ?
Tout d’abord de quels cultes parlons-nous ? – Il y a bien sûr l’ensemble des religions monothéistes ou pas : les catholiques intégristes ou pas, les protestants calvinistes ou luthériens et leurs églises (baptistes, évangélistes,…), les chrétiens orthodoxes ou non, les coptes, les juifs intégristes ou pas, les musulmans et leurs « courants de pensée » sunites, schiites, salafistes, soufistes,.. les bouddhistes, les animistes…. sans compter tous les rites ancestraux ou tribaux… J’en oublie certainement… On pourrait aussi parler des francs-maçons avec leurs obédiences, leurs rites et leurs symboles et autres associations à but spirituel ou caritatif… La seule frontière lorsque l’on parle de culte est la frontière sectaire. Si l’on prend l’exemple de la scientologie, il n’y a aucune raison qu’elle ait pignon sur rue comme un certain nombre de sectes bien connues (Listes des sectes « disponibles » – Centre Roger IKOR) qui, de près ou de loin, suppriment des libertés qu’elles soient matérielles ou psychologiques.
Les lois de la république en accord avec la déclaration des droits de l’homme et du citoyen garantissent la liberté des cultes mais encore faut-il que cette liberté de culte puisse s’exercer sans aucune contrainte. Ce qui n’est pas le cas actuellement car, les musulmans, ne peuvent pas pratiquer leur culte le vendredi. Avec la deuxième mesure proposée la réduction du temps de travail à quatre jours par semaine, tous les cultes monothéistes peuvent avoir leur jour de prière. Pour les agnostiques ou les athées, le week-end de trois jours leur permettra de vivre leur culture, leur spiritualité, de participer à des associations laïques, bref d’avoir le temps de vivre et de retrouver un peu de « poésie », au sens esthétique du terme (cf. Edgard Morin).
Ce WE de 3 jours permettrait les prières des cultes :
- Vendredi pour les musulmans
- Samedi pour les juifs
- Dimance pour les catholiques
Ainsi que 3 jours fériés « laïcs » annuels : 1er de l’an, fête du travail et fête nationale
et 3 jours fériés religieux : Aid el kebir, YomKipour et Noël
Les lieux de culte.
L’une des questions posées actuellement est celle de la prière pratiquée dans la rue. Pourquoi ? – Sans compter certaines « provocations intégristes », les musulmans sont de plus en plus nombreux et, semble-t-il, plus pratiquants que les catholiques. Ils manquent de mosquées en particulier dans les zones urbaines. Plutôt que de construire de nouveaux lieux pourquoi ne pas imaginer que certaines églises qui ne sont plus fréquentées actuellement que par une minorité de fidèles, puissent être cédées à des communautés musulmanes pour qu’elles deviennent des lieux de cultes musulmans ? Cela pourrait choquer mais, lorsque les Français s’installèrent en Algérie, certaines mosquées sont devenus des églises et réciproquement (CLIC). Dans l’histoire, avec les flux migratoires, les croisades, les invasions, ce genre de « transfert » a eu lieu beaucoup plus souvent qu’on ne croit. Pourquoi ne pas le faire en pleine intelligence, en période pacifiée ?
Qu’en est-il de la pratique DANS ces lieux de culte ?
La langue – Les textes « sacrés » peuvent être lus dans la langue d’origine : latin, grec, arabe, hébreu ; ils sont le plus souvent traduits dans la langue du pays ou est pratiqué le culte et sont naturellement le support de l’apprentissage de la langue originelle (hébreu pour la Thora, arabe pour le Coran, latin pour les évangiles…). Pour le reste de la « transmission », l’éducation religieuse, les prêches, doivent se faire dans la langue du pays en toute transparence.
Les rituels, les costumes, les décors sont totalement « libres ». Chaque culte peut pratiquer les rites qu’il souhaite à condition qu’ils ne soient pas en dehors des lois de la république. En particulier, qu’ils n’attentent pas à l’individu (dans son corps ou dans son « âme »). L’excision par exemple, qu’elle soit pratiquée à l’intérieur du lieu de culte ou à l’extérieur, ne peut être tolérée. Il en est de même pour les mariages forcés et autres pratiques anti-républicaines. Pour la circoncision, c’est un acte devenu « banal » dans la chirurgie « laïque ». Il ne faut pas faire l’amalgame avec l’excision par exemple.
Que se passe-t-il en dehors des lieux de culte ?
Nous sommes en république. L’ensemble de nos régions, de nos départements et de nos territoires qu’ils soient en métropole ou en outre-mer doivent être soumis aux mêmes lois sans exception ni discrimination. Peut-on interdire le port du voile en Île-de-France et l’autoriser à Mayotte ? Faut-il interdire la kippa dans le Marais les jours de prière ? Faut-il empêcher les moines bouddhistes de se promener tout d’orange vêtu ? Personnellement je ne le pense pas. Pour ce qui concerne les « manifestations » religieuses (processions ou autres…), elles doivent faire l’objet des mêmes procédures que pour des manifestations « laïques ». En règle générale c’est la préfecture qui attribue ces autorisations pour éviter les « désordres » sur la voie publique.
En conséquence, sans avoir rien à modifier à notre législation, chacun peut se promener en France librement avec les artifices qu’il souhaite, à condition de respecter les lois sociales classiques : cacher sa nudité sans cacher son visage. Il n’y a aucune raison de stigmatiser la pratiquante musulmane avec son voile, la bonne soeur avec sa cornette, le curé avec sa soutane, le punk avec sa crête, la pépette avec sa minijupe, le vison de madame, le chapeau melon ou la botte de cuir…, la croix, la main de fatma ou l’étoile de David… nous sommes encore dans un pays de liberté, qu’elle soit vestimentaire ou de comportement. Par contre, je pense qu’il serait assez malvenu de rencontrer dans les rues des membres du Ku Klux Klan avec cagoules en pointe et croix brûlantes, des femmes enmprisonnées derrière leurs Burkas, des « séparatistes » ou des pilleurs de banques encagoulés… Une exception quand même : le carnaval !
En conclusion
Nous ne devons pas céder aux populistes de tout genre qui cherchent à stigmatiser tel ou tel culte. Si les intégrismes ont toujours existé et existeront toujours à la marge, à nous de ne pas en faire cas et de les ignorer. Il nous suffit simplement de rappeler la devise de notre république : nous sommes libres, nous sommes égaux en droit, nous sommes fraternels. Cette devise se complète fort bien avec la notion de laïcité qui ne peut être qu’objective, elle n’a aucune raison d’être « positive » ou négative. Elle est égale pour tous.
On l’a vu, le revenu d’existence et la réduction du temps de travail à quatre jours nous permettent de penser que notre conception d’une République pacifiée peut enfin voir le jour.
A ce sujet : les questions de Claude Lupu : Conversation N°1 , Conversation N°3 , Conversation N°10 et Conversation N°29